« La grossesse est une métamorphose, un moment parfois complexe à appréhender.»
« Therhappy Family » est né d’un constat : le manque de prises en charge suffisantes sur le territoire, avec des listes d’attente parfois trop longues. Grâce à une approche systémique et à un accompagnement individualisé, Olivia Pusset accompagne les petits comme les grands.

Olivia, vous avez créé Therhappy Family en 2022. Qu’est ce vous a donné envie de vous lancer ?
Tout d’abord, on ne se lance pas en thérapie ! Même si, malheureusement, beaucoup de personnes s’improvisent thérapeute sans formation réelle ni sérieuse, proposer des thérapies est un vrai métier. Cela implique de longues études et des formations complémentaires, des expériences multiples et variées et un travail sur soi... J’ai toujours été dans l’accompagnement : j’ai d’abord travaillé en pédopsychiatrie, dans le handicap et les troubles du comportement, puis en protection de l’enfance, en tant qu’éducatrice et thérapeute familiale, puis j’ai été responsable de formations en travail éducatif et social. L’alternance entre la théorie et la pratique m’a toujours semblé primordiale et concomitant dans mon secteur. Par la suite, je suis devenue directrice d’établissements jusqu’à avoir envie d’être à mon compte pour proposer des prises en charge thérapeutiques les plus individualisées et adaptées possibles. Indéniablement, la multitude de parcours, de pathologies et de problématiques auxquels j’ai eu à faire face en vingt ans de carrière institutionnelle me permet d’affiner au maximum ma prise de recul et mes propositions d’actions possibles pour chacun des individus pris en charge.
Dans Therhappy Family, il y a le mot « famille ». C’est quelque chose qui vous tenait à coeur ?
En effet, je reçois en famille, mais aussi en couple, en individuel (pas besoin de tous les membres pour faire une thérapie familiale et heureusement car c’est rarement possible !), en groupe (de paroles), en équipes (formations et supervisions d’équipe), et je me déplace dans les institutions et les entreprises pour accompagner les dirigeants ou soutenir les équipes. Que ce soient des problématiques professionnelles ou personnelles, Therhappy Family s’adapte ! C’est à mon sens toujours à l’accompagnateur de s’adapter et non l’inverse et d’individualiser sa prise en charge. Avec toute l’écoute présente et bienveillante possible, sans jugement ni morale. De nouvelles configurations voient le jour et des couples multiples consultent ; ils sont de plus en plus nombreux à avoir besoin de soutien thérapeutique. Tout comme les hommes seuls, les personnes transgenres, les managers, et non plus seulement les femmes et les enfants.
Une grossesse est toujours un moment particulier dans la vie d’une femme et d’une famille. Comment l’appréhendez-vous ?
Cela fait partie des métamorphoses dont je parlais précédemment : la bi-sexualité, la non-binarité, l’homosexualité, l’abstinence, la non-sexualité subie ou assumée, les maladies, les douleurs, les grossesses complexes ou tardives, les difficultés à avoir un enfant, les FC, les IVG, les IMG, la PMA, la GPA, l’adoption, les grossesses des femmes seules, toutes les nouvelles sexualités (dont on ne parlait pas avant) et donc... LA grossesse ! Évidemment c’est un moment complexe à appréhender. Vous parlez de la grossesse, mais il y a toutes les phases avant celle-ci auxquelles je fais face chaque jour au cabinet. Souhaite-t-on réellement un enfant ? Et si finalement oui, combien d’enfants ? Est-ce vraiment nécessaire ? Est-ce égoïste ? Anti-écologique ? Est-ce une fin en soi ? Le couple est-il assez soudé ? Comment rester uni lorsque l’on ne parvient pas à avoir un enfant ? Lorsque l’un a eu une aventure extra-conjugale ?...Et puis un jour, il y a ce test positif ! Mais le chemin peut continuer à être complexe. La peur de la fausse couche, de recommencer ce parcours sans fin, la phobie de la mort en couche, de la douleur, l’interrogation face à la péridurale ou aux nouvelles méthodes naturelles, voire à domicile, le choix d’une doula, d’un sage-femme...
Quelle est la clé pour bien vivre ces 9 mois ?
La clé ou les clés, dirai-je, c’est de s’écouter, de respecter son corps, de prendre soin de soi, de faire confiance aux professionnels. Aucune histoire n’est identique et les comparaisons sont inutiles. Comme en couple, il n’y a pas une seule fin en soi. Il y a aussi des grossesses qui se passent parfaitement bien sans ombre au tableau. Quand ce ne l’est pas, il faut faire face, en s’entourant de personnes qui nous aident et nous soutiennent dans les étapes et les épreuves.
Passer de deux à trois (ou plus en cas de grossesse multiple !), c’est un sacré changement. Comment réussit-on à trouver sa place ?
Je ne suis pas sûre qu’il y ait une règle ! Comme tout le monde, on tâtonne, on teste, on s’adapte. C’est de la systémie à 100 % ! Les cartes sont redistribuées, pour la femme, la mère, l’amante, l’amie, le parent, le confident, le couple, le papa, les grands parents, la fratrie... Cela fait partie du jeu, la famille s’agrandit, c’est beau mais c’est aussi difficile. Aucune culpabilité ou culpabilisation nécessaire. On fait de son mieux et chacun reprend la place qu’il peut ou celle qui lui convient. L’important c’est de ne pas se forcer : être heureux en étant soi-même, dans le cas contraire, il y a fort à parier que cela se compliquera.
Vous organisez également des groupes de paroles dédiées aux femmes, vous nous en parlez ?Les groupes de parole sont un outil thérapeutique très précieux. Deux thèmes me semblaient ne pas être assez étoffés à Beaune : les difficultés de procréation, incluant le deuil périnatal, qui touchent énormément de femmes de nos jours mais aussi les violences faites aux femmes. J’ai la chance de co-animer ce groupe de paroles avec une médecin généraliste de Beaune, Caroline Chauvet. Elle est formidable et très pointue sur le thème des violences faites aux femmes.
Olivia Pusset thérapeuthe et fondatrice du cabinet therhappy family
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