Marie Duchon est infirmière puéricultrice. Son expérience à l’hôpital pédiatrique Necker pendant cinq ans et une immersion au Togo ont définitivement changé son regard sur la façon de prendre en charge l’arrivée et les pleurs d’un nouveau-né. Elle s’est spécialisée dans l’allaitement, le portage, les massages et le handicap afin de vous accompagner dans cette aventure sans filet qu’est la parentalité.

Chemins d’apprivoisement est le nom de votre activité. Que signifie-t-il ?
Contrairement à ce que l’on croit, le lien d’attachement avec son nouveau-né ne se fait pas toujours au premier regard. C’est un lien qui se construit. J’aime beaucoup Le Petit Prince et cette notion d’apprivoisement dont parle le renard. Apprivoiser l’autre c’est créer du lien. Dans le cas d’une naissance, il faut que les parents apprennent à connaître ce petit être qui vient d’arriver, que le bébé s’adapte à son nouvel environnement, si différent du ventre de sa mère. Il existe plusieurs chemins d’apprivoisement qui passent notamment par le toucher. C’est ce cheminement que je propose aux parents à travers des ateliers individuels et collectifs sur l’allaitement maternel, le portage et le massage.
Comment vous est venue cette envie de vous spécialiser dans le portage ?
A l’hôpital Necker, j’étais dans un service pédiatrique en aval des urgences. On voyait beaucoup de parents dépassés par les pleurs incessants de leur nourrisson âgé de quinze jours, trois semaines. Les problématiques ne relevaient pas forcément du médical mais plutôt d’un manque d’informations sur les besoins de continuité et de sécurité du nouveau-né. Entre-temps, j’ai eu envie d’aller découvrir une autre culture, une autre manière de soigner et, en volontariat au Togo, j’ai entendu un bébé pleurer pour la première fois au bout de quatre mois. Cela m’a vraiment interpelée et j’ai cherché à comprendre pourquoi il y avait des enfants partout mais que quasiment aucun ne pleurait. Le constat était clair : Les bébés sont tous portés de leur naissance jusqu’à ce qu’ils sachent marcher.
Comment expliquer que le portage évite les pleurs ?
Le toucher est un des premiers sens qui se développe in utero. Le bébé se sent contenu par les parois intra-utérines. Quand il arrive au monde, tous ses repères sont chamboulés : il ressent la gravité, plus rien ne l’entoure. C’est très perturbant. Le fait de le porter va lui permettre de retrouver le contact, la chaleur et l’odeur du corps, les battements du coeur, les vibrations. Cela le rassure et l’adaptation à ce nouvel environnement se fait plus facilement que dans un couffin, aussi confortable soit-il, dans lequel rien de tout cela n’existe.
Qu’apprend-on lors des ateliers de portage ?On revoit déjà le portage dans les bras, en évitant de l’étirer en le prenant sous les aisselles mais davantage en le laissant dans sa position foetale. Je présente ce qui existe en termes de portage : écharpe, sling, porte-bébé préformé, pagne africain..., en mettant en avant ceux qui contiennent le mieux l’enfant, qui respectent sa morphologie et qui préservent le bien-être du parent porteur. Ensuite, je m’adapte aux désirs et au fonctionnement des parents et, s’ils ont déjà une écharpe, je leur montre comment on s’en sert.
Dans le même état d’esprit, vous proposez des ateliers massages.
Oui, car le massage apporte aussi cette sensation d’être contenu, d’être en contact avec son parent. A partir d’un mois, j’apprends un protocole simple et facile à reproduire à la maison jusqu’à 3 ou 4 ans. Il y a des échanges extrêmement forts qui se vivent entre le bébé et son parent lors de ces ateliers.
Vous accompagnez aussi les parents qui doivent faire face à un handicap ?
Tout parent doit être en mesure de créer un lien d’attachement avec son enfant. Il existe des solutions pour allaiter et porter son bébé même quand on est en situation de handicap. On teste ensemble, au cas par cas, le portage le plus adapté, la meilleure position d’allaitement.
Marie DUCHON – Accompagnante périnatale
Chemins d’apprivoisement
Ateliers individuels à domicile / Ateliers collectifs à la Casa Nana
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