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PORTRAIT DE PRO : LAURE PRESSOUYRE

« L’air de notre maison est plus pollué que l’air extérieur »

Laure Pressouyre est chargée de prévention et conseillère médicale en environnement intérieur à la Mutualité Française Bourgogne-Franche-Comté. Elle fait la chasse aux polluants, aux allergènes et aux perturbateurs endocriniens.


En quoi consiste votre métier ?

Je me déplace, sur prescription médicale, au domicile de personnes ayant des pathologies respiratoires pour faire un diagnostic personnalisé de leur appartement ou de leur maison. En fait, je vais mener l’enquête pour identifier d’éventuels polluants, des irritants respiratoires ou des allergènes dans leur habitation. L’étape d’après c’est de leur apporter des conseils et des solutions pour améliorer leur environnement et la qualité de l’air chez eux.



Laure Pressouyre
Laure Pressouyre

Les perturbateurs endocriniens font partie de ce que vous appelez les polluants ?

Oui, même si on est encore loin de tout savoir sur les perturbateurs endocriniens, certains sont identifiés à risque, c’est le cas du bisphénol qui a été interdit mais il faut garder en tête aussi que l’exposition à ces produits n’engendre pas forcément un risque pour la santé. Ils sont très complexes à caractériser. En cumulant toutes les sources potentielles, le risque pourrait augmenter. L’objectif est de tendre vers la sobriété chimique.


Il existe une liste des perturbateurs endocriniens mais que dit la règlementation ?

Pour l’instant, même si les données scientifiques sont nombreuses, il n’existe pas de règlementation stricte en matière de perturbateurs endocriniens. La prévention et les mesures de précaution sont donc essentielles, c’est l’un de nos cheval de bataille à la Mutualité Française.


À qui sont destinées ces actions de prévention ?

On sait qu’au moment de la petite enfance (entre 0 et 6 ans), l’exposition aux perturbateurs endocriniens peut vraiment avoir des effets délétères. Pour nous, il est donc essentiel de sensibiliser les parents et les professionnels de la petite enfance comme les assistances maternelles, les responsables de crèches ou les personnes qui travaillent à la PMI. Nous développons des temps de sensibilisation et de formation auprès de professionnels de la petite enfance. Le but c’est de diffuser les bons messages, au bon moment, aux bonnes personnes.

 

Chacun à notre niveau, que peut-on faire ?

Il est important de s’informer en participant par exemple à des conférences pour bien comprendre où se cachent les perturbateurs endocriniens et ainsi acheter en connaissance de cause. Il faut aussi adopter des gestes simples au quotidien : comme par exemple d’aérer chaque pièce de la maison 10 minutes le matin et 10 minutes le soir. À cause des nombreux polluants présents dans la maison, l’air que nous respirons dans nos logements est toujours plus pollué que l’air extérieur !

 

L’arrivée d’un bébé est souvent synonyme de surconsommation dans le domaine de la puériculture pour les parents. C’est justement ce qu’il faut éviter de faire ?

L’arrivée d’un enfant est un excellent prétexte pour revoir sa copie et prendre de la hauteur. En fait, il faut même se pencher sur la question des perturbateurs endocriniens dès le projet de naissance : on suppose en effet qu’il existe un lien entre surexposition aux PE et infertilité. Pendant la grossesse, il faut là aussi être particulièrement vigilant et poursuivre bien évidemment ce combat de tous les jours après la naissance. Au lieu de se suréquiper il faut au contraire chercher à alléger le quotidien au sens propre comme au figuré :  ai-je vraiment besoin de tout ça ? Est-ce vraiment utile pour moi ? Pour mon enfant ? Pour ma famille ? En fait il faut distinguer l’essentiel de l’accessoire, défaire certaines croyances et ne pas céder à la pression sociétale. C’est difficile ! La société nous pousse à nous suréquiper, à acheter du neuf, à redécorer la chambre d’un nouveau-né de A à Z pour être des « parents parfaits » alors qu’en réalité tout cela favorise une surexposition aux perturbateurs endocriniens.

En fait, il faut changer notre vision du monde ?

C’est un peu ça ! Il faut revenir à plus de simplicité et de naturalité et surtout arrêter de penser que l’amour que l’on porte à un enfant est proportionnel à ce qu’on va dépenser pour lui. Choisir du mobilier, des vêtements, ou des jouets d’occasion pour son bébé*, c’est l’éloigner des perturbateurs endocriniens.

*pour des questions de garanties sanitaires, il est important de choisir des objets d’occasion mis sur le marché après 2015

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