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PORTRAIT DE PRO : EMILIE JOYEUX

« Aujourd’hui, nous sommes en mesure de proposer une vraie prise en charge de l’endométriose dans la région »

Chirurgien gynécologue, Emilie Joyeux a fait des douleurs pelvi-périnéale son cheval de bataille. Parmi ces douleurs, on retrouve l’endométriose, une pathologie prioritaire dont la reconnaissance a été le fruit d’un long parcours pour les femmes.


Emilie Joyeux - Chirurgien gynécologue
Emilie Joyeux - Chirurgien gynécologue

C’est quoi l’endométriose ?

L’endométriose est une maladie chronique inflammatoire qui se manifeste chez les femmes en âge de procréer et qui peut arriver dès la puberté. La maladie s’estompe avec la ménopause. Elle se traduit par la présence de fragments semblables à de la muqueuse utérine en dehors de l’utérus qu’on appelle l’endomètre ou tissu endométrial. En cas d’endométriose, ces fragments vont migrer en se déposant sur d’autres organes et vont provoquer une inflammation et former des lésions. Ces lésions vont réagir aux hormones ovariennes (estrogènes) et à chaque cycle menstruel, elles vont se développer et saigner. C’est pourquoi l’endométriose est une maladie estrogèno-dépendante.


Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à cette maladie ?

En tant qu’interne d’abord, assistante ensuite puis gynécologue, j’ai été confrontée à la souffrance de certaines femmes. J’étais impuissante, incapable de comprendre, de leur donner une explication et surtout de leur apporter une solution. J’ai donc décidé de me pencher sérieusement sur le sujet en lisant, en échangeant avec d’autres spécialistes, en remettant aussi en cause ma pratique de la gynécologie. Les choses ont beaucoup bougé ces derniers temps et aujourd’hui, nous sommes en mesure de proposer une vraie prise en charge de l’endométriose dans la région.


Sait-on combien de femmes sont concernées par l’endométriose ?

L’endométriose reste sous-estimée mais on évalue son incidence chez 10% à 15% des femmes en âge de procréer et jusqu’à 80% des femmes ayant des douleurs pelviennes chroniques avec la plupart du temps un retard dans le diagnostic de plusieurs années.


Comment se manifeste l’endométriose ?

Les manifestations sont principalement des douleurs pendant les règles et parfois au moment des rapports, pour uriner ou pour aller à la selle. La douleur peut être associée à d’autres symptômes comme des règles irrégulières et abondantes, l’infertilité, le ballonnement abdominal, du sang dans les selles, la constipation ou la diarrhée, des lombalgies, du sang dans les urines et de la fatigue chronique.

 

Comment soigne-t-on l’endométriose ?

Pendant longtemps, aucun traitement ne permettait de soigner l’endométriose. Les choses changent et de nouvelles techniques comme les injections de toxine botulique intra-utérine sont aujourd’hui en cours d’étude et sont très prometteuses. La bonne nouvelle, c’est que grâce à la recherche et à l’implication des professionnels de santé, nous sommes désormais en mesure d’offrir aux femmes concernées une meilleure qualité de vie.

 

C’est justement grâce à l’implication d’autres professionnels comme vous, qu’un réseau a vu le jour en Bourgogne-Franche-Comté, vous pouvez nous en dire plus ?

La filière de l’endométriose « EndoBFC » a été créée en février 2022. C’est un réseau composé de professionnels de santé centré sur la prise en charge de l’endométriose et le parcours de soins des femmes. Cette collaboration est formée des structures hospitalières publiques universitaires, de structures hospitalières privées, de cabinets de ville et d’associations de patientes.

Pour vous, la réponse à l’endométriose est forcément collective ?

Oui ! Ce n’est pas en restant chacun dans notre coin que l’on va pouvoir aller de l’avant. Dans la prise en charge de l’endométriose, le gynéco est un peu un chef d’orchestre qui va composer une équipe pluridisciplinaire autour de sa patiente. Le réseau EndoBFC a justement pour vocation d’émettre un répertoire des professionnels de santé sur la région Bourgogne Franche-Comté pour garantir le lien avec les patientes, de développer des actions de communication à destination du grand public et de favoriser le parcours de soins au sein des différents professionnels et centres de compétences. Grâce à cette organisation, on vise aussi une meilleure coordination des professionnels de santé experts de cette maladie ainsi qu’une harmonisation des pratiques.

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Emilie JOYEUX Chirurgien-gynécologue à l’hôpital de Valmy

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