nos pros 2022-2023

Stéphanie Leclercq
Le « baby clash » :
quand tout part en vrille après la naissancE
Stéphanie Leclercq est psychiatre spécialiste de la périnatalité. Elle accompagne les futures mamans et les jeunes parents dans leurs premiers pas à 3...
« Il faut montrer à l’enfant que la séparation est une décision d’adultes et à terme le rassurer sur le fait qu’il n’y est pour rien. »
« C’est que du bonheur ». À force d’entendre cette phrase, on a parfois du mal à imaginer que cela puisse en être autrement. Sauf qu’entre la théorie et à la pratique, il y a parfois un fossé, voire un ravin, voire un canyon du Colorado. Si la vie d’une famille, l’arrivée d’un enfant est un moment fondateur, la grossesse et l’année qui suit la naissance sont des périodes à risque pour les couples. Certains se retrouvent dans l’impasse et ne voient qu’une seule issue : la séparation. Forcément, cette rupture devient une source de culpabilité immense pour les parents : ils se retrouvent à devoir faire le deuil d’un idéal de la famille – papa, maman et bébé – et à s’adapter à des turbulences affectives importantes. Mais qu’en est-il en pratique pour l’enfant? On a posé la question qui tue à Stéphanie Leclercq, notre super psy.
Quelles sont les principales causes de « baby clash » ?
Les raisons de ce « baby clash » sont multiples et interdépendantes. Il y a des facteurs liés au désir d’enfant et au fait de devenir parents : divergences éducatives ou réactivation de blessures en lien avec sa propre histoire personnelle et familiale… Il y a des facteurs liés au bébé: tempérament, inquiétudes en lien avec sa santé… Et des facteurs surajoutés: privation de sommeil, difficultés financières, déménagement…
On entend souvent des parents dire « je reste pour l’enfant ». Qu’en pensez-vous ?
Il est important de comprendre que pour l'enfant, vivre dans une famille sans dialogue, entouré de tensions et de conflits peut être plus douloureux que d'avoir des parents séparés. L'essentiel pour lui est que l'organisation parentale soit claire, stable et permanente. Ce n'est pas l'acte de séparation en soi qui est déterminant, mais plutôt ce qu’il va en vivre au quotidien. Un seul enjeu: l’entente parentale !
Comment annoncer une séparation à un bébé ?
Cette annonce est symbolique pour les parents mais n’a au final que peu d’impact sur l’enfant. Avant de lui dire les choses, les parents doivent être en capacité de se les formuler clairement à eux-mêmes et de s'entendre sur les modalités à court et moyen termes. Avec le bébé, il s’agit d’utiliser des mots simples, en le regardant et en captant son attention. Les enfants n’ont généralement pas de souvenir conscient avant l’âge de 3 ans.
Et pour la garde de l’enfant, on fait comment ?
Une question récurrente et source de nombreux conflits est « quel mode de garde adopter ? ». Les spécialistes s’accordent à dire qu’avant 6 ans, la garde alternée est à proscrire. En effet, les changements trop répétés empêchent l’enfant d'avoir un « chez-lui » et de mettre en place des bases de sécurité interne. On privilégiera un domicile fixe, en donnant idéalement la possibilité à l’autre parent de venir régulièrement partager des moments du quotidien de l’enfant. Mieux vaut passer « moins » de temps avec bébé mais du temps de qualité dans un environnement qui lui est familier que de passer « plus » de temps mais vécu dans l’angoisse et les pleurs. Je comprends que cela puisse paraître difficile pour certains parents qui ressentent un profond sentiment d’injustice mais au-delà du droit des parents à avoir leur enfant chez eux, il y a le droit du bébé à avoir des parents bienveillants et sécurisants, garants de sa santé psychoaffective future. Au bout de quelques mois, il sera alors possible d’imaginer que bébé puisse passer une nuit ailleurs puis deux… L’important pour l’enfant est que ses parents puissent se respecter mutuellement dans leur rôle parental respectif et communiquer autour de son quotidien.
Après la séparation, c’est parfois la guerre entre les parents… Quels conseils peut-on donner à ces ex-couples sou pression ?
Je leur conseille d’organiser les relais et les rencontres dans des lieux familiers de l’enfant autres (crèche, nounou, grands-parents…). On me demande aussi souvent s’il faut ou non présenter la nouvelle compagne / le nouveau compagnon à l’enfant. Pas de précipitation ! L’enfant a besoin de repères stables et mieux vaut lui épargner d’avoir à gérer de nouvelles ruptures affectives. Attendez d’être sûr de vous et respectez votre ex conjoint en l’informant. Le temps est votre allié.
Quelle place donner aux grands parents après une séparation ?
Un grand parent est important bien sûr et peut être un repère affectif essentiel de l’enfant. Néanmoins, il n'a pas la priorité sur l’autre parent qui garde son rôle éducatif.
Quand les parents s’entendent, doivent-ils continuer d’avoir des activités communes ?
Faire « semblant » risque de maintenir l’enfant dans une sorte d’illusion qui n’est pas souhaitable. Il faut lui montrer que la séparation est une décision d’adultes et à terme le rassurer sur le fait qu’il n’y est pour rien.
Comment rassurer son bébé au moment de la séparation ?
Le bébé a besoin de repères, d’une forme de stabilité. Chez le petit, la séparation de ses parents va impacter profondément ce qu’il est, la construction de son monde interne, la structuration de son psychisme. Mais la manière dont il l’intégrera dépendra directement de la manière dont ses parents le vivent. Les modèles familiaux se réinventent, la vie de bébé sera différente bien sûr mais tant que ses parents se respectent et communiquent, il sera tout à fait armé pour y faire face.
Stéphanie Leclercq - Psychiatre spécialisée dans la prénatalité

Charlotte mazoyer
conseillère conjugale et sexologue, elle répond à vos questions !
Chère Duchesse,
J’ai peur qu’après l’accouchement mon compagnon n’est plus envie de moi.
Un accouchement n’est pas quelque chose d’anodin. Pour que ça se passe bien, l’important, c’est d’en parler avant le jour J. Vous pourrez partager vos peurs et vos appréhensions, vous projeter ensemble et décider de la place de chacun. Votre compagnon peut parfaitement être près de vous pour assister à la naissance et pas nécessairement du côté de l’obstétricien. Plus vous en parlerez, plus il y a de chance pour que votre compagnon le vive bien.
Depuis ma dernière grossesse, je ne reconnais plus mon corps et ma libido a foutu le camp… Que faire ?
Dans nos vies il y a des hauts et des bas, avec le sexe c’est pareil ! On a tous à un moment ou à un autre, le désir en berne. Une grossesse, une naissance, une nouvelle vie à 3, c’est un gros chamboulement.
La pénétration c’est vraiment obligatoire ?
NON ! Il n’existe pas un mode d’emploi universel qui nous explique comment faire l’amour (et heureusement d’ailleurs). Et on peut tout à fait se décentrer du génital. Surtout après une grossesse où pénétration rime souvent avec appréhension et pression. L’important c’est de ne pas perdre le lien charnel et de se retrouver. Il faut se rassurer l’un l’autre, faciliter le lâcher-prise. Le but c’est d’être bien ensemble. Pour des retrouvailles sexuelles réussies, il est donc parfois nécessaire de prendre son temps : donc avant de penser pénétration, l’érotisme et la sensualité doivent revenir au premier plan.
Depuis la grossesse, on a du mal à se retrouver sexuellement parlant… Un conseil pour remettre en route la machine ?
Quand on devient parent, le couple passe parfois au second plan. L’important c’est de garder des moments pour soi (pour se sentir bien) et du temps à deux (pour se retrouver en tant que couple). Dormir nu, prendre un bain ou une douche à deux : ce sont ces petits moments qui vont vous permettre de relancer la machine !
Se masturber : bonne ou mauvaise idée pour retrouver une vie sexuelle épanouie ?
La masturbation est un des chemins que l’on peut emprunter du côté des femmes comme du côté des hommes d’ailleurs. Les auto caresses peuvent aider pour la remise en route de la libido. Au-delà de la recherche de plaisir, la masturbation permet de redécouvrir son propre corps. Sexualité solitaire et sexualité de couple sont en réalité très complémentaires.
Avec la charge mentale qui pèse sur mes épaules depuis que je suis maman, j’ai l’impression qu’il n’y a plus de place dans ma vie pour le désir et les câlins…
Pour avoir envie de faire l’amour, les femmes ont besoin d’une forme de disponibilité physique et corporel. Prises dans le tourbillon du quotidien, elles ne se l’octroient pas toujours. Le job d’un conseiller conjugal, c’est aussi de comprendre ce qui cloche dans l’organisation et rééquilibrer la charge mentale. En se libérant de certaines choses, la sexualité se remettra en route d’elle-même.
Depuis que nous sommes devenus parents, je me rends compte qu’on fait surtout l’amour quand les enfants ne sont pas dans les parages ou quand on est en vacances. C’est grave docteur ?
C’est assez logique. C’est là aussi souvent une question de lâcher-prise. On a parfois du mal à se libérer quand les enfants sont dans les parages. On peut avoir peur de les voir débouler dans la chambre ou de les réveiller. Il faut parfois réorganiser l’espace intérieur quand c’est possible.
Je crois qu’on aurait besoin de voir un conseiller conjugal mais je n’ose pas…
Il ne faut pas s’installer de distance ou de malaise dans votre couple. Plus on attend pour trouver des solutions et reprendre une vie sexuelle épanouie, plus c’est compliqué. Si vous sentez que vous avez besoin d’un coup de pouce, un conseiller conjugal peut vous accompagner. Pour ce type de consultation, le suivi dure de 6 à 9 mois.
PS : gardez en tête que derrière la sexualité il n’y a jamais de normes ou de contraintes.
Le conseil lecture de Charlotte :
La collection « Osez », à dévorer sans complexe. (Osez le sexe tantrique, osez le cunnilingus, osez la masturbation féminine, osez booster votre libido, tous les sujets y passent !)

Aurélie Guyomard
« Aujourd’hui, on est capable de régler les problèmes de rapports sexuels douloureux, de fuites urinaires et de laxité du vagin. »
Spécialisée dans la chirurgie gynécologique, Aurélie Guyomard intervient, entre bien d’autres choses, dans la reconstruction après un accouchement difficile. Sa mission : lever les tabous pour apporter un mieux-être aux femmes que l’enfantement a mises en souffrance et les aider à retrouver une vie normale.
Quelles sont vos interventions en tant que gynécologue ?
J’ai décidé de ne plus faire de suivi de grossesse afin de me concentrer uniquement sur les cas problématiques et les pathologies gynécologiques. Pour aider mes patientes, j’interviens donc en grande partie au niveau chirurgical pour traiter les descentes d’organes, l’incontinence urinaire, l’endométriose, les kystes ovariens, les fibromes, les polypes, les conisations, les hystérectomies ou encore les ligatures tubaires. Je pratique également la chirurgie de la fertilité. Enfin, je propose de la reconstruction vulvo-vaginale suite à un accouchement difficile.
Quelles sont les problématiques posées par un accouchement difficile ?
Il y a cas de lâchage de sutures peu de temps après l’accouchement mais aussi des cicatrices d’épisiotomie ou des déchirures qui s’avèrent fibreuses, douloureuses et qui empêchent le retour à une sexualité normale et épanouie. Certaines patientes ne peuvent plus avoir de rapports tant la douleur est intense. On rencontre aussi des cas de fuites urinaires, une trop grande laxité du vagin et enfin des problèmes de descente d’organes qui se règlent souvent seuls au bout de quelques semaines et qui demandent rarement une intervention.
Quelles sont les solutions ?
S’il y a lâchage de suture, on retourne au bloc immédiatement pour refaire le travail. J’interviens aussi sur certaines formes d’incontinence quand la rééducation périnéale ne suffit pas. Dans le cas d’envies pressantes, je propose de la neurostimulation ou un traitement médicamenteux. Pour les fuites urinaires à l’effort (toux, éternuement, course), en fonction de la gravité, de l’âge de la patiente, d’un projet de nouvelle grossesse, j’utilise le laser vaginal. Je recommande également le laser pour traiter les cicatrices fibreuses et douloureuses ou lorsqu’il y a une laxité modérée du vagin. C’est une technique peu répandue en France mais très efficace dans ces cas précis car ce procédé va venir régénérer les cellules au niveau vaginal ou vulvaire. La muqueuse va devenir plus épaisse, plus dense, plus souple, plus hydratée et les cicatrices indolores. Parfois, le laser ne suffit pas. Si la laxité du vagin est trop importante, on procédera plutôt en chirurgie à la plicature des muscles pour les retendre et les tonifier. De même, si la suture d’une épisiotomie ou d’une déchirure, en cicatrisant mal, a créé un problème anatomique et que la vulve se retrouve asymétrique, il faut une intervention chirurgicale pour réparer. Et enfin, si une descente d’organes persiste un an après l’accouchement et qu’elle est gênante pour la patiente, on va aller remonter ceux-ci en les accrochant sur des ligaments, soit par voie naturelle, c'est-à-dire le vagin, soit par célioscopie.
Le laser est-il un acte onéreux ?
C’est un acte qui n’est pas pris en charge par la sécurité sociale ni par les mutuelles et qui, apparemment est souvent assez cher (les tarifs vont de 300 à plus de 600€, voir 900€). J’ai fait le choix de le rendre accessible au plus grand nombre et une séance à mon cabinet coûte une centaine d’euros. Je souhaitais un tarif équivalent au traitement antidouleur et hydratant à base de crèmes, d’ovules et d’acide hyaluronique.
Les actes réparateurs sont-ils plus fréquents aujourd’hui ?
Les techniques se multiplient pour aider les femmes qui souffrent après l’accouchement. Ce n’est pas facile de parler d’absence de rapports sexuels, de fuites urinaires, de bruits gênants à cause de la laxité du vagin… C’est notre rôle de questionner les femmes pour lever le voile sur tous ces tabous qui ne devraient pas en être. On a aujourd’hui le moyen de leur venir en aide et soigner, accompagner, apporter du mieux-être, c’est cela qui donne du sens à mon métier.
Aurélie GUYOMARD – Gynécologue
19B rue Albert Camus 21000 Dijon
Chirurgien-gynécologue à l’hôpital de Valmy

Anne Girard
« Kiné et Yoga :
le duo gagnant d’Anne Girard »
Kinésithérapeute depuis 16 ans, Anne Girard a progressivement intégré le yoga à sa vie puis à son métier. Convaincue que cette pratique a vraiment du sens dans l’accompagnement des femmes enceintes, Anne a décidé de se former et de dispenser des cours de yoga prénatal. Focus sur deux pratiques très complémentaires.
En tant que kiné, pourquoi proposer le yoga prénatal ?
J’ai découvert le yoga il y a 10 ans suite à une expérience personnelle douloureuse et cette pratique m’a immensément aidée. J’ai compris l’importance d’être centrée, d’incarner son corps et d’en prendre soin. Une nécessité qui l’est plus encore sans doute lorsqu’on attend un enfant. J’ai décidé de me former en yoga prénatal pour offrir, à travers des cours collectifs, une parenthèse aux femmes enceintes.
Qu’est-ce qu’il se passe pendant ces cours de yoga prénatal ?
Les futures mamans prennent le temps de bouger, de respirer, d’explorer en conscience leur corps dans un espace sécurisé, elles apprennent à écouter leurs ressentis et à se faire confiance au cours de ces neuf mois et aussi le jour de l’accouchement. L’objectif est de faire le tri dans tous ces conseils et injonctions qui viennent du médical ou de l’entourage et de s’écouter davantage.
Quels sont les atouts et les bienfaits du yoga prénatal ?
C’est un yoga adapté aux modifications physiques et hormonales de la femme. Il permet de prévenir la prise de poids excessive et l’hypertension, d’étirer les abdos, les muscles du bassin, de conserver une tonicité musculaire globale, de prendre conscience de son périnée, de son corps en général et, de ce fait, de mieux vivre la période de post-partum.
Est-ce que le yoga est intégré dans votre prise en charge kiné ?
Complètement. Les postures, la respiration et la prise de conscience du corps sont tellement importantes dans le bien-être de la femme pendant la grossesse, dans le cadre de la rééducation périnéale, dans la prise en charge des douleurs chroniques, que le yoga est aujourd’hui indissociable de ma pratique de kiné.
Le yoga a donc aussi sa place dans la rééducation du périnée ?
Je me suis rendue compte en yoga prénatal que, pour beaucoup de femmes, la notion de périnée était obscure. Ma posture de kiné me permet alors de réexpliquer ce que c’est, où ça se trouve, comment ça fonctionne et de les aider à l’identifier et à le sentir. Cela me permet aussi de soulager les sciatiques, les douleurs de côtes et dans le bassin, les brûlures d’estomac etc. en trouvant des positions adaptées aux maux qu’on peut ressentir pendant la grossesse. Je propose tout un tas de mouvements, de postures et respirations pour se poser. L’objectif c’est qu’elles puissent se les approprier pour les refaire chez elles.
Comment se passe les cours de yoga prénatal ?
Ce sont des cours collectifs qui n’excèdent pas plus de six personnes car je tiens à individualiser et à adapter les séances au cas par cas.
Quel est votre rôle pendant et après la grossesse en tant que kiné ?
J’interviens en séance individuelle pendant la grossesse lorsqu’il y a des douleurs physiques. Je propose également un suivi en rééducation périnéale : on évoque d’abord la grossesse et l’accouchement. On prend le temps de parler du périnée, sa place, son fonctionnement. J’explique par exemple qu’il fonctionne avec le transverse abdominal et qu’il est aussi intimement lié au diaphragme donc à la respiration. On vérifie donc aussi la respiration. Pour le renforcement, j’utilise la méthode manuelle et la sonde périnéale. Je m‘attarde aussi beaucoup sur la prévention (constipation, alimentation, apnée pendant l’effort etc.) car le gros du travail a lieu dans la vie quotidienne.
Anne GIRARD – Kinésithérapie et professeure de yoga
8 Rue de la Petite Fin - 21121 Fontaine-lès-Dijon
https://www.annegirardyoga.fr/
Page Facebook : Anne Girard

Elodie Emo
« Il faut savoir que les parents ont déjà des compétences et des réponses en eux. On les accompagne simplement dans la bienveillance et le non-jugement. »
Les “Cercles de Parents” ce sont des séances de soutien gratuites pour tous les jeunes parents de Bourgogne-Franche-Comté. Explication avec Elodie Emo.
Comment vous est venu l’idée d’apporter davantage de soutien aux jeunes parents ?
C’est l’histoire de trois amies professionnelles de santé, Julie, Valérie et moi, qui partent du constat qu’en terme de soutien à la parentalité, passés les 2 premiers mois, il n’y a plus qu’un rendez-vous par mois chez le pédiatre et souvent assez rapide. Bref, on a réalisé qu’il y avait un vrai manque en termes de soutien ! Ce constat, on le retrouve aussi dans le rapport de la commission des « 1000 premiers jours » : 1 parent sur 2 décrit un manque de soutien après les 2 premiers mois. Santé Publique France pointe aussi le fait que seul 15% des familles vont en PMI. Un vrai besoin existe ! Nous avons donc mis en place des consultations de soutien à la parentalité sur des thématiques comme l’allaitement, l’alimentation, le sommeil, la diversification alimentaire, les activités d’éveil, le jeu, la gestion des émotions… tout ce qui peut être dans le champ de compétence des infirmières puéricultrices. On apporte ce soutien en visio et au domicile des parents. Et comme pour être bien avec ses enfants, il faut aussi pouvoir prendre soin de soi, Valérie propose des thérapies cognitivo-comportementales. Elle accompagne les parents dans leur gestion du stress, le vécu de leurs émotions… Notre leitmotiv c’est : « Bien dans sa peau, bien dans sa parentalité » !
C’est ainsi que « My Jolly Family » a vu le jour.
Exactement. Fort de ce constat, de nos différentes expériences et de nos compétences, nous avons lancé My Jolly Family en décembre en 2020. Comme c’est une approche plutôt innovante, il a d’abord fallu prendre le temps d’expliquer aux parents que devenir parent est un processus évolutif et que demander de l’aide est une des clés pour y avancer ! On a donc développé une première offre de consultation en parentalité. Elles sont payantes mais l’objectif a toujours été de favoriser l’accès à ce type de soutien via des consultations gratuites.
C’est justement ce que vous proposez à travers « Les Cercles de Parents » ?
Quand j’ai appris que les agences régionales de santé pouvaient soutenir des initiatives dans le cadre des « Milles premiers jours », je me suis donc investie dans un autre projet : Les « Cercles de parents ». Avec plusieurs puéricultrices de Bourgogne-Franche Comté, nous avons mis en place des ateliers en tout petit groupe - 4 familles maxi - pour faciliter la prise de parole. Les «Cercles de Parents », ce sont donc 3 séances gratuites de 2 heures pour tous les parents de Bourgogne-Franche-Comté, de la naissance jusqu’aux 2 - 2,5 ans de l’enfant, à faire lorsqu’ils le souhaitent.
Devenir parents, ça s’apprend ?
En tout cas, ça se prépare ! Il faut savoir que les parents ont déjà des compétences et des réponses en eux. On les accompagne simplement dans la bienveillance et le non-jugement. On les écoute, car le fait de verbaliser est important. On va également les rassurer et les déculpabiliser. On s’adresse à tous les jeunes parents, il n’est pas nécessaire d’avoir de grosses problématiques pour pouvoir participer. Durant les ateliers, on peut parler de parentalité, répondre à tout un tas de questions sur le sommeil, l’alimentation, l’allaitement- mais aussi faire de la prévention (burnout parental, bébé secoué…). On oriente également les parents avec adresses et des contacts qui peuvent être des supers outils pour eux.
Quelles sont les principales interrogations des parents ?
La thématique numéro 1 reste le sommeil ! On n’explique pas aux parents que c’est quelque chose de très progressif, une construction comme la marche ou le langage. Il faut savoir qu’un enfant sur deux ne fait pas ses nuits avant l’âge d’un an. Il est très difficile de vivre le fait de ne pas dormir la nuit. Il est aussi important de vérifier qu’il n’y a pas de risque de dépression ou de burn out car c’est une période pas évidente. En numéro 2, on aborde beaucoup la gestion des émotions des enfants : comment réagir aux colères, aux pleurs….
Mais on a aussi beaucoup de femmes qui reviennent sur leur accouchement ou leur vécu durant les premiers jours. On parle également de l’alimentation de l’enfant, de sa motricité ou encore des soins quotidiens !
Concrètement, ça se passe comment ?
Depuis janvier 2022, les « Cercles de Parents » ont lieu toutes les semaines. A Dijon, ils se déroulent actuellement dans un cabinet de sage-femme (Aurélie Dentz-Albandéa). En Saône et Loire, c’est dans un cabinet de pédiatre - avec Delphine Kirche. A Besançon, c’est Estelle Ledon, cofondatrice du collectif « Je suis infirmière puéricultrice » qui propose ces ateliers. Le projet est donc une vraie réussite et nous espérons que ces cercles de parents vont devenir un vrai réflexe pour les parents !
Elodie Emo - Infirmière puéricultrice, aidante en parentalité
Insta : @lescerclesdeparents

Valérie Pontonnier
« L’acupuncture peut accompagner les problèmes d’infertilité. »
Dans sa vision de l’accompagnement des femmes avant, pendant et après la grossesse, Valérie Pontonnier, sage-femme, souhaitait proposer une méthode globale. Elle a trouvé le Graal dans l’acupuncture.
Comment fonctionne l’acupuncture ?
On stimule des points énergétiques situés sur 12 méridiens qui sont comme des canaux faisant circuler l'énergie vitale dans l'ensemble du corps humain. L'acupuncture permet de réguler un déséquilibre de la circulation de cette énergie qui est à l'origine de différents maux.
Comment l’acupuncture s’est imposée à vous en tant que sage femme ?
Après avoir été formée pendant quatre ans au Shiatsu, à l’époque très méconnu et difficile à mettre en place au cabinet, je me suis tournée quelques années après vers l’acupuncture qui agit également sur les énergies. J’ai eu la chance qu’un diplôme interuniversitaire soit spécialement dédié à l’obstétrique et aux sages-femmes. Ma motivation était de proposer une pratique en lien principalement avec la physiologie. L’idée c’est d’une part d’éviter un recours excessif aux prescriptions médicamenteuses (et leurs effets secondaires) et d’autre part de palier à l’abstention thérapeutique des femmes qui refusent de prendre certains traitements, à cause de potentiels risques pour le bébé.
Une femme peut-elle utiliser l’acupuncture pour favoriser la conception ?
Oui, l’acupuncture peut accompagner les problèmes d’infertilité. Elle est d’ailleurs recommandée par l’OMS depuis 1996 dans le traitement des troubles reproductifs. L’acupuncture va de toute façon rééquilibrer un état énergétique et émotionnel global. En faisant cela, on donne les meilleures conditions au niveau du corps et du psychisme pour accueillir une grossesse, notamment dans un processus de PMA. L’acupuncture est aussi une méthode idéale en gynécologie. On peut travailler sur les problèmes liés au cycle, aux syndromes prémenstruels ou aux douleurs pendant les règles. Elle est recommandée par la Haute Autorité de Santé pour accompagner l’endométriose car elle permet de diminuer les douleurs et d’améliorer ainsi le confort de la patiente. On accompagne aussi la ménopause.
A quoi peut-elle servir pendant et après la grossesse ?
L’acupuncture va d’abord prévenir l’installation de certains inconforts et les traiter si les symptômes sont déjà présents. Les indications sont nombreuses : tous les troubles digestifs tels que nausées, vomissements, remontées acides, insomnie, fatigue, lombalgie, sciatique, douleurs ligamentaires, du bassin, du canal carpien, tous les troubles circulatoires (jambes lourdes, crampes, hémorroïdes), la constipation mais aussi toutes les difficultés émotionnelles (dépression, anxiété…). On accompagne aussi le sevrage tabagique et d’autres addictions. L’acupuncture peut également aider le bébé à se retourner lorsqu’il se présente en siège, à préparer le corps à l’accouchement (maturation du col, préparation du périnée, aider le bébé à descendre…). On intervient enfin sur certaines grossesses pathologiques (retard de croissance intra-utérine, hypertension, diabète, menace d’accouchement prématuré…) Grâce à l’acupuncture, les femmes ont des grossesses plus harmonieuses, plus paisibles avec peu ou pas de symptômes. En postpartum, elle va agir sur les douleurs post accouchement, la fatigue, aider l’allaitement, soulager les cicatrices douloureuses… Dans ces deux étapes de vies, elle va permettre de maintenir un état émotionnel équilibré et un bien-être général. Elle est une formidable méthode curative et préventive, une médecine traditionnelle complémentaire, qui agit en synergie avec notre médecine occidentale.
Valérie PONTONNIER – Sage-femme, acupuncteur
4 Rue des Peupliers, 21800 Quetigny
www.sage-femme-quetigny.com

Sandra roblot
« Oui, on peut être enceinte et courir ! »
Le sport pendant la grossesse souffre encore de nombreuses idées reçues. Beaucoup de femmes enceintes cessent en effet toute activité sportive. Sandra Roblot-Lamy, kinésithérapeute, professeure de Pilate et créatrice de la Casa Nana, une maison d’accueil atypique, nous explique pourquoi il est important de se bouger !
« Le sport est déconseillé pendant la grossesse ! » C’est une idée fausse ?
A part s’il y a une contre-indication de la part du gynécologue car le col est trop ouvert par exemple ou si c’est une grossesse à risque, le sport peut parfaitement être intégré à la grossesse du début jusqu’à la fin. Il suffit d’adapter ses partiques.
Votre rôle est donc d’adapter l’activité sportive au cas par cas ?
Oui, le choix va dépendre tout d’abord de l’activité habituelle de la patiente. Si celle-ci a l’habitude d’aller courir, on va adapter la course à pied. Si elle fait un sport de combat, de saut ou à risque, on va devoir trouver un sport palliatif. Le choix de l’activité va dépendre aussi de l’état physique de la patiente.
Comment les patientes viennent à vous ?
Certaines se plaignent de douleurs souvent lombaires, au niveau des hanches, d’une sciatique, etc. Elles me consultent d’abord en qualité de kinésithérapeute. Je les soulage puis je les oriente vers une activité physique adaptée. D’autres savent que je suis spécialisée dans la kiné du sport pour les femmes enceintes alors elles viennent chercher des conseils sur la manière d’intégrer leur activité sportive à leur quotidien dans le cadre d’une première grossesse.
Comment les accompagnez-vous ?
Je dispense des cours collectifs de Pilate à mon cabinet. Et pour celles qui veulent être autonomes, je les accompagne sur quelques séances et je mets en place des programmes adaptés à chacune.
Vous intervenez aussi après l’accouchement ?
En tant que kiné je me charge de la rééducation périnéale et je propose une reprise de l’activité sportive sans délai dans le temps. L’important est de se sentir prête. Si tous les feux sont au vert au niveau périnéal et abdominal, s’il n’y a pas de grosse fatigue ou d’autres symptômes et que la maman se sent bien, alors on peut reprendre le sport de manière progressive, sans attendre plusieurs mois. Je leur montre les exercices, on démarre ensemble et, ensuite, je mets en place des programmes sur 8 ou 10 semaines pour qu’elles pratiquent à la maison.
Le Pilate c’est avant, pendant et après la grossesse ?
Le Pilate peut se pratiquer à tous âges, enceinte ou pas. C’est une pratique qui a des vertus géniales sur la respiration, la conscience de son corps, la posture, le renforcement des muscles profonds. C’est un sport global, doux, très agréable et donc très adapté à la grossesse et à la rééducation abdominale après l’accouchement.
Vous avez créé la « Casa Nana ». Pouvez-vous nous en dire plus sur cet endroit atypique ?
C’était un rêve de créer un lieu d’accueil avec un esprit « comme à la maison » . C’est un espace dédié au bien-être, qui réunit plusieurs professionnels spécialisés dans les problématiques féminines de la puberté jusqu’à la ménopause. Pour l’instant, nous sommes deux kinés, une diététicienne, une masseuse bien-être, une chiropractrice et une psychologue. L’objectif est évidemment de grandir ! La Casa Nana est un cocon dans lequel les femmes peuvent venir se confier, trouver une réponse, un conseil, un accompagnement sur-mesure ou une prise en charge globale. Nous proposons des rendez-vous individuels, des cours collectifs de Pilate, de yoga, de flying yoga et il nous organisons aussi des groupes de parole, des ateliers et des conférences sur des thématiques variées.
Sandra ROBLOT-LAMY - Kinésithérapeute, coach Pilate, Créatrice de la Casa Nana

Laura Bonu
« l’haptonomie c’est le début d’une histoire à 3 »
Dans sa mission de sage-femme, Laura Bonu offre une approche globale : avec elle, le toucher, la conscience du corps et la détente de l’esprit entrent en synergie pour plus de bien-être.
Pouvez-vous nous rappeler les différentes missions d’une sage-femme ?
On l’oublie souvent, mais depuis presque dix ans, la sage-femme peut faire le suivi gynécologique, de la puberté jusqu’à… 90 ans ! Ça implique le dépistage du cancer du sein et du col de l’utérus, la prescription d’écographies, de mammographies, le suivi pour des douleurs pelviennes, la prescription et la mise en place de contraceptifs et enfin les consultations liées à la préconception. Mais la mission la plus largement répandue reste la préparation à la naissance que seules les sages-femmes peuvent réaliser. Cette phase comporte un accompagnement psychologique et affectif ainsi que des ateliers préparatoires à l’accouchement et à la gestion du bébé, destinés à la future maman et à son partenaire. On peut également suivre des grossesses uniques et sans pathologies particulières. Certaines sages-femmes avec un diplôme spécifique, proposent aussi des échographies. D’autres complètent leur mission avec une ou plusieurs spécialités.
Quelles sont vos spécialités ?
L’haptonomie est au cœur de mon métier de sage-femme. Je propose aussi de la sophrologie et du yoga. L’objectif c’est d’apporter de la détente et une nouvelle conscience de son corps à la femme qui porte un enfant. La sophrologie aide aussi à dépasser ou tout au moins à apaiser un trauma lié à une expérience douloureuse chez certaines patientes, avant de réaliser par exemple un examen gynécologique.
En quoi consiste l’haptonomie ?
Le toucher est notre sens le plus archaïque. La future maman va apprendre à développer ses capacités pour faire de la place à son enfant et vivre sa tendresse avec lui. Cela passe par des gestes, des intentions ou des invitations. Le père va lui aussi apprendre à ressentir les déplacements de bébé dans le giron de la mère. Par l’apposition des mains, la parole, la pensée et sa présence, il va interagir avec son enfant, créer une relation avec lui et ainsi, trouver sa place avant même la naissance. L’haptonomie est une parenthèse ou rien d’autre n’existe que notre relation à l’autre, notre histoire à trois.
Quel rôle avez-vous après l’accouchement ?
Nous jouons un rôle dans le retour à la maison afin d’accompagner les premiers gestes, l’allaitement. Et bien sûr, on continue le suivi gynécologique et on organise la reprise contraceptive. On intervient aussi dans la rééducation périnéale mais il faut savoir que nous prenons en charge toutes les femmes qui souffrent de douleurs dans leur intimité (vaginisme, dyspareunie…), liées à un accouchement difficile, à un blocage émotionnel ou à une agression sexuelle… Dans ces cas là, l’approche en haptonomie et en sophrologie m’aide beaucoup dans la prise en charge globale de mes patientes.
Vous êtes en maison de santé. Qu’est-ce que ce statut apporte en plus ?
Je travaille au sein d’une équipe qui associe ses compétences pour créer une synergie et répondre plus largement aux besoins des femmes en général. Nous mettons en évidence des problématiques de santé publique. Je propose par exemple des conférences sur le phénomène du postpartum dont on parle trop peu encore. Il faut savoir que le suicide est la deuxième cause de mortalité des femmes après un accouchement car la dépression n’a pas été prise en charge à temps. Mon objectif est d’en finir avec ces injonctions au bonheur qu’on subit lorsqu’on devient mère et d’informer sur le fait qu’il existe une réelle prise en charge de la femme et de l’homme dans cette période de bouleversement émotionnelle et psychologique, sans devoir passer par les traitements médicamenteux.
Laura BONU – Sage-femme
Beaune Santé MSP
5 Rue du Régiment de Bourgogne, 21200 Beaune

Emmanuel SImon
« On cherche avant tout à permettre aux femmes de bien vivre leur accouchement. »
Le Professeur Simon est chef du pôle gynécologie, obstétrique et biologie de la reproduction au CHU Dijon et coordinnateur du diplôme universitaire de gynéco-obstétrique de Bourgogne.
Comment appréhende-t-on l’accouchement dans les hôpitaux en France ? Et à Dijon en particulier ?
En France, nous avons de bons indicateurs de santé périnatale. Grâce à une croissance importante de la médicalisation de la grossesse ces dernières décennies, l’accouchement est sécurisé au maximum.
De plus en plus de femmes veulent accoucher de manière plus naturelle. Ça a un impact sur vos pratiques ?
C’est vrai, depuis quelques années, la demande d’un retour à un accouchement plus naturel est de plus en plus forte et les femmes aspirent à profiter pleinement de cette expérience. Ainsi à Dijon, nous disposons de « salles nature » : cela permet d’accoucher sans forcément avoir recours à la péridurale et de vivre cette expérience de manière plus intense. Il y a également une expérimentation menée par l’INSERN : les « maisons de naissance ». Ce sont des structures à proximité immédiate des maternités organisées uniquement par des sages-femmes pour un accouchement démédicalisé. Nous sommes évidemment très favorables à ces structures. Pour autant, nous devons trouver le bon positionnement sachant que des difficultés peuvent survenir durant l’accouchement et qu’une intervention chirurgicale césarienne doit parfois être pratiquée.
Justement, quelle est votre approche des césariennes ?
Au sein de la maternité du CHU de Dijon, le taux de césarienne n’est que de 18% (versus 20% au niveau national), nous sommes donc dans une approche raisonnée. Nous faisons particulièrement attention aux césariennes de convenance qui restent plus risquées qu’un accouchement par voie naturelle. A Dijon, nous réalisons plus de 3000 naissances par an, nous avons donc une vision assez large des différentes situations pouvant se présenter. Nous devons donc parfois modérer les désirs légitimes d’un couple. L’idée n’est pas d’imposer une décision mais plutôt d’être dans l’échange et l’information sur les risques. Finalement, l’objectif est de prendre une décision partagée entre le professionnel et le couple.
Quelle est la réponse médicale face à un couple qui a une forte préférence pour la césarienne ?
Il n’est pas question de juger. On explique au couple que la voie basse est préférable car globalement dans une situation lambda, la césarienne n’est pas l’option la moins risquée. Mais en cas de forte volonté, on réalise parfois des césariennes de convenance. Dans tous les cas, les professionnels de la périnatalité doivent être au côté des couples.
On parle souvent de « césariennes » comme un mot générique mais ce terme semble regrouper des situations très différentes. Qu’en est-il exactement ?
Le terme « césarienne » regroupe en réalité des situations très variées. Ainsi, on peut distinguer la césarienne programmée des césariennes d’urgence. Programmée, elle a fait l’objet d’une discussion, parfois d’un débat entre le médecin et les parents sur le rapport bénéfice-risque. Alors que la césarienne d’urgence, n’est simplement pas prévue.
Cela implique donc des risques et des décisions très variées d’un accouchement à l’autre ?
Au sein même des césariennes d’urgences, nous réalisons des distinctions d’une part par un code couleur selon le degré d’urgence et d’autre part selon le moment où est réalisée la césarienne au cours du travail. Il arrive que nous soyons obligés d’aller à contre-courant de la décision d’accouchement du couple. Ça peut surprendre : on parle de plus en plus des accouchements en salle nature ou maisons de naissances et on en vient à presque « oublier » qu’il peut y avoir des complications. Heureusement, elles sont détectées précocement et les accidents graves sont extrêmement rares.
Certaines césariennes ont, malgré tout, lieu dans des conditions plus cool ?
La césarienne code rouge est une vraie urgence pour autant les autres césariennes, même si elles surviennent en cours de travail, peuvent faire l’objet d’un accompagnement au bloc opératoire plus sympa. Par exemple, au CHU de Dijon, depuis plus d’un an, le coparent peut être au côté de sa femme dans le bloc opératoire. C’est très important pour la femme. De plus, lorsque l’enfant va bien, la femme peut prendre son bébé dans les bras, même si elle est sur la table d’opération et que l’intervention chirurgicale se poursuit. Le bébé part ensuite avec l’autre parent. Puis, l’équipe peut faire des photos du bébé pour les montrer pendant que le chirurgien finit l’intervention. Il y a même des expériences de césariennes dites physiologiques en Europe du Nord. Ça peut paraitre un peu paradoxal, mais ces césariennes consistent à utiliser des champs transparents et à faire pousser la femme au moment où la tête du bébé sort. Bien que le bébé ne sorte pas par voie naturelle, ces efforts sont utiles. Nous pouvons également au sein de notre CHU, lors de césariennes, demander aux femmes cette participation. C’est plus satisfaisant pour les femmes qui ont un peu plus l’impression d’avoir vécu un accouchement « normal ». On cherche avant tout à permettre aux femmes de bien vivre leur accouchement.
Que se passe t-il dans les jours qui suivent une césarienne ?
Il y a eu une réduction très significative du délai d’hospitalisation dans les maternités, notamment durant le premier confinement. On s’est rendu compte que ceci n’implique pas davantage de complications. Du coup, pour les couples souhaitant des durées d’hospitalisation très brèves, on essaie de favoriser leur choix. Dans le cas d’un accouchement par césarienne, les configurations sont très variées. Le temps de séjour moyen est de moins d’une semaine mais avec des différences selon les situations (difficultés lors de la mise en place de l’allaitement, faible poids du nouveau-né...). Le plus souvent, les femmes sont debout et en forme assez rapidement. On voit même se développer ce que l’on nomme la « réhabilitation précoce ». C’est une technique qui consiste à favoriser la reprise d’activité (marche, station debout) rapidement après l’intervention. Elle est possible grâce à des techniques anesthésiques particulières. En revanche, elle ne se prête pas à toutes les césariennes !
Et après la sortie de la maternité ?
Il faut savoir qu’une sage-femme peut intervenir dans les jours qui suivent, ce qui peut être particulièrement intéressant pour accompagner les jeunes parents après une césarienne. Nous restons également dispo pour revoir les femmes après leur retour à la maison, que ce soit dans un contexte d’urgence ou non. La visite post-natale a quant à elle lieu à 2 mois et idéalement avec la personne qui a réalisé la césarienne : ce sera l’occasion d’expliquer ce qui s’est passé. Mais on peut revoir la femme avant et globalement à tout moment !
Finalement, quel message est-il important de transmettre aux femmes ?
Je pense qu’il est important que les femmes aient confiance dans les professionnels de la maternité, dans leur sage-femme, médecin, auxiliaire de puériculture... car nous essayons de faire au mieux pour que cela se passe bien. Et lorsqu’on n’a pas le choix et que la situation l’impose, il ne faut pas le regretter : il est infiniment préférable de faire une césarienne au bon moment plutôt que de se lamenter parce qu’on a un enfant en réanimation...
emmanuel simon - chef du pôle gynécologique, obstétrique et biologie de la reproduction au CHU de dijon et coordinateur du diplôme universitaire de gynéco-obstétrique de bourgogne

Chantal Lacroute
« La réflexologie plantaire est un accompagnement précieux à tous les stades de
la maternité. »
Auxiliaire de puériculture pendant 38 ans à la clinique Sainte Marthe puis à l’hôpital de Valmy, Chantal a toujours mis l’accompagnement de la maman et de son bébé au cœur de son métier. Aujourd’hui indépendante, elle a fait de la réflexologie plantaire son outil providentiel pour aider les autres et notamment les futures mamans.
La réflexologie plantaire, c’est quoi au juste ?
C’est une méthode thérapeutique ancestrale qui utilise le processus d’auto-guérison naturel du corps, en massant des zones réflexes situées sur le pied. Chaque zone du pied correspond à un organe ou une partie de corps humain, comme s’il était une représentation miniature de celui-ci.
Réflexologie et grossesse sont donc faits pour s’entendre ?
La réflexologie a même un rôle essentiel pour certaines femmes. Je pense par exemple à celles qui ont fait une fausse couche et ne parviennent pas à retomber enceinte. Dans ce cas, il existe un protocole de nettoyage de l’utérus qui va éliminer les charges négatives liées à une fausse couche. Accueillir une nouvelle grossesse dans une matrice qui a connu le deuil, revient à inviter quelqu’un à se coucher dans le lit d’un défunt dont les draps n’auraient pas été changés. C’est incroyable ce que les émotions et énergies laissées en engramme dans un corps peuvent créer comme blocages. La réflexologie peut aussi intervenir sur le rééquilibrage des cycles menstruels, pendant un processus de PMA, sur une stérilité non organique, sur le décodage du vécu périnatal ou pour repérer et nettoyer la transmission des traumas transgénérationnels.
En quoi la réflexologie peut aider une femme enceinte ?
La réflexologie plantaire a de multiples bienfaits sur la femme enceinte. Elle peut faire diminuer les troubles digestifs et les douleurs articulaires, réduire la rétention d’eau au niveau des jambes et des chevilles, améliorer la circulation sanguine, libérer les tensions nerveuses et réguler le sommeil. Je propose également des ateliers couple pour que le futur papa apprenne à masser les pieds de sa femme. Ça permet de l’accompagner, de trouver sa place, et de devenir acteur de la grossesse et de l’accouchement.
à quels niveaux la réflexologie plantaire peut-elle accompagner la femme après la grossesse ?
La réflexologie va aider le corps de la jeune maman à retrouver son équilibre naturel : elle va participer à l’élimination des toxines emmagasinées pendant 9 mois, en drainant l’organisme, et contribuer à soutenir son état psychologique, émotionnel et psychique. L’objectif après la grossesse, c’est que la jeune maman puisse retrouver son dynamisme et sa vitalité.
Votre métier, c’est donc aussi d’apporter une forme de bien-être aux jeunes mamans ?
Certaines femmes qui venaient d’accoucher à Valmy me confiaient qu’elles avaient envie et besoin de voir une autre personne moins orientée soins médicaux et davantage tournée vers le bien-être. Quelque chose de tourner vers l’émotionnel, avec des conseils, des astuces et de la réassurance. Lorsqu’elles rentrent de la maternité, cela leur permet aussi d’avoir un endroit refuge dédié à leur bien-être. Si elles n’osent souvent pas prendre de temps pour aller chez le coiffeur, elles se permettent davantage une parenthèse destinée à leur santé, leur mieux-être.
La réflexologie plantaire intègre donc parfaitement votre mission d’accompagnante en parentalité ?
Oui parce qu’elle me permet d’accompagner la femme dans tous les processus et tous les stades de la mise au monde d’un enfant. Sans oublier le papa et le bébé dès qu’il est né. Dans le cadre de cette mission cependant, la réflexologie reste un outil parmi d’autres. Je propose aussi des massages et un travail autour des postures sur les bébés : c’est un apprentissage que je transmets aux parents pour qu’ils puissent refaire les gestes à la maison. J’accompagne également par la parole pour permettre à la maman de trouver ses propres réponses face à ses incertitudes, ses inquiétudes dans son rapport au bébé. L’objectif est que, face à son enfant, elle apprenne à se faire confiance dans ses ressentis, sa posture, ses gestes, ses réactions. J’essaie de faire en sorte qu’elle s’écoute et ose faire ce qu’elle pense être bon pour son enfant.
Chantal LACROUTE – Accompagnante en parentalité et réflexologue plantaire
20 Rue des Moulissards 21240 Talant
https://reflexologietalant.wixsite.com/reflexologietalant

lucie gestin
« Envies de fraises ou de frites : on a le droit de craquer ! »
Kilos superflus, envies de fraises, idées reçues, allaitement : Lucie Gestin, diététicienne, met les pieds dans le plat !
La prise de poids est-elle LA préoccupation des femmes enceintes ?
Oui et non ! La plupart des femmes qui me consultent souhaitent en effet limiter la prise de poids pendant leur grossesse afin de ne pas avoir trop de kilos à perdre après l’accouchement. L’idéal est de prendre entre 10 et 12 kg mais chaque grossesse est différente. D’autres futures mamans prennent conscience, lors de leur grossesse qu’elles se nourrissent mal : elles souhaitent que je les accompagne dans leur rééquilibrage alimentaire pour leur santé mais surtout celle du bébé qu’elles portent. Elles connaissent les bases mais ont besoin d’être rassurées dans leurs choix.
Quels sont les enjeux d’un rééquilibrage alimentaire pour une future maman ?
La femme devient la matriarche qui se sent investie d’une mission, celle de bien nourrir son enfant à travers son alimentation. Ce qui va être essentiel, c’est le choix des aliments, la variété et la qualité de ceux-ci. On va apporter des fibres pour éviter la constipation, un enrichissement nutritionnel en fonction des trimestres et des besoins relatifs à ces différentes phases. On va également palier aux carences que le gynécologue aura mises préalablement en évidence à travers les bilans sanguins, en sélectionnant les aliments naturellement riches en fer, en vitamine C, B9 etc. On va aussi porter notre attention sur l’apport en fibres, les risques de diabète gestationnel et dans ce cas, choisir des aliments à indice glycémique adapté. Et enfin, on va en profiter pour faire la peau aux idées reçues !
Les idées reçues en matière d’alimentation ont la peau dure ?
Oh oui ! C’est un des sujets que j’aborde dans l’ouvrage que j’écris actuellement. Certaines femmes croient encore qu’il faut « manger pour deux » lorsqu’on est enceinte. C’est vrai en ce qui concerne la qualité de ce que l’on ingère mais pas en termes de quantité. « Manger pour deux » ne veut pas dire manger le double de ce qu’on consommait avant d’être enceinte ! Les croyances concernant les envies de grossesse persistent également. Je pense notamment à cette idée selon laquelle si on réfrène une envie de fraises, le bébé naitra avec une « fraise » sur la peau, c'est-à-dire un angiome, une malformation éphémère du derme qui n’a évidemment rien à voir avec les envies non assouvies.
Alors, doit-on assouvir ou non ses envies ?
Si l’alimentation doit être équilibrée, il ne faut pas oublier de se faire plaisir, de profiter de sa grossesse. Alors, mieux vaut assouvir ses envies, surtout si ce sont des envies saines comme celles très répandues des fraises. Personnellement, j’avais une envie de frites. C’est moins diététique mais je ne me suis pas privée pour autant. On a le droit de craquer !
Quel est le degré d’investissement d’une future mère dans ce rééquilibrage alimentaire ?
La future maman a tendance à s’oublier au profit de l’enfant à venir. Dans cette période de nidification elle est prête à tout pour remplir sa mission de mère en devenir, quitte à mettre de côté ses envies. Certaines femmes se proposent même de consommer des aliments qu’elles n’aiment pas si c’est bon pour le bébé. Ce n’est pas du tout le but. Je leur explique alors qu’il faut qu’elles se fassent plaisir également, pour avoir envie de continuer d’une part et, d’autre part, pour que le bébé ne ressente pas leurs frustrations, leurs dégoûts ou leurs émotions négatives. On va plutôt chercher à élargir le champ des possibles en termes gustatifs : beaucoup découvrent d’ailleurs des goûts qu’elles ne connaissaient pas, comme celui de la patate douce par exemple !
Comment bien se nourrir quand on allaite ?
La plupart des femmes qui me consultent après l’accouchement ont une seule préoccupation : la perte de poids. Seulement, c’est là que ça bugge. On ne peut pas se mettre au régime strict si on allaite car on risque alors d’appauvrir le lait maternel en nutriments et de créer un risque de carences chez le bébé. L’idéal lorsqu’on allaite est de conserver le régime alimentaire riche et complet de la femme enceinte, tout en réduisant les quantités pour commencer à perdre du poids. Mais on ne peut pas dire « je me remets à la salade verte et au coca light » et allaiter en même temps, cela pourrait conduire à un allaitement mal vécu du côté de la maman comme du côté du bébé.
Lucie GESTIN – Diététicienne
650D Cour de Gray - 21850 Saint-Apollinaire

Pierre frycz
« Suivi des grossesses : on doit faire face à une fuite des jeunes diplômées à l’étranger. »
Pierre Frycz exerce le métier de sage-femme à Genlis. Passionné, engagé, le thérapeute doit malgré tout faire face à une pénurie de collaborateurs dans son secteur puisqu’il est le seul à assurer un suivi dans cette ville de plus de 5 200 habitants. Ce jeune père de famille revient pour nous sur les difficultés rencontrées.
En tant que sage-femme, quelle est la plus grosse difficulté que vous rencontrez à Genlis ?
Je dois surtout faire face à un problème de remplacement. En bref, je peux difficilement m’absenter car, si on peut déplacer des cours de préparation à l’accouchement ou de rééducation périnéale, on ne peut pas en revanche stopper le suivi des soins obligatoires et, si je ne suis pas là, la situation de suivi des femmes enceintes et de retour à domicile s’avère très compliquée. C’est encore plus vrai depuis la crise du Covid.
Pourquoi la crise sanitaire a-t-elle empiré la situation ?
Le séjour à la maternité a été réduit de moitié et le retour des mamans à domicile ne peut se faire qu’avec un suivi de la sage-femme et sa présence dès le lendemain de la sortie. Ce qui signifie que si la patiente rentre chez elle un samedi, je me dois de lui rendre visite le dimanche. Comme je suis seul, je dois assurer une présence les week-ends, sans système de roulement.
Votre emploi du temps très chargé vous empêche-t-il de mener à bien toutes vos missions ?
Non, pour le moment j’arrive à assurer le suivi gynécologique, la préparation à l’accouchement, le suivi du retour à domicile et la rééducation périnéale pour ne citer que ces quatre missions. Les visites à domicile se font les après-midis et les rendez-vous au cabinet ont lieu le matin et en début de soirée. En commençant à 8H et en terminant à 20H, j’arrive à tout caler. J’ai tout de même allégé la logistique grâce à la plateforme Doctolib.
Concrètement, comment cela se passe si vous avez une urgence personnelle, si vous tombez malade ou lorsque vous partez en vacances ?
Je prends très peu de vacances. Pour le reste, heureusement tout de même, j’ai la chance de travailler avec certaines collègues, qui prennent le relais lorsque c’est nécessaire.
D’où vient ce problème de pénurie ?
La principale source de ce problème c’est la fuite des jeunes diplômés à l’étranger ou dans les îles. Certains prennent une année sabbatique avant de démarrer leur activité, d’autres préfèrent exercer en milieu hospitalier car on n’est pas formé pour le libéral dans notre cursus. Nicole Bosson, Présidente du Conseil de l’Ordre nous a avertis dernièrement que sur les nouvelles diplômées de l’école, seulement deux resteront en Côte d’Or. Cela fait peu par rapport à la taille du département.
Et qu’est-ce qui vous a justement motivé à exercer votre profession en libéral ?
L’envie et la nécessité de créer du lien avec les patientes, ce qui se fait beaucoup plus difficilement à l’hôpital. J’ai fait un stage en libéral à Genlis et l’opportunité s’est présentée de reprendre le cabinet en 2012. Je l’ai saisie et je ne regrette pas. Cela fait 10 ans cette année.
Quelle serait la solution selon vous ?
Mettre en place un système d’astreinte ou de garde, propre aux sages-femmes, à la maison médicale de Dijon. Et il faudrait également constituer des réseaux.
Idéalement, vous souhaiteriez accueillir une collaboratrice ?
Oui mais quelqu’un qui partage les mêmes valeurs que moi par rapport à notre métier, quelqu’un en qui j’aurais entièrement confiance. Ce serait très difficile pour moi de déléguer à un praticien que je ne connais pas et qui viendrait en remplacement juste quelques semaines. Dans notre profession, on remet des femmes et leur bébé entre les mains d’un ou d’une autre sage-femme. Il ne s’agit pas de comptabilité. En ce qui me concerne, c’est une responsabilité énorme de confier mes patientes.
Pierre FRYCZ – Sage-femme
4T Rue de Labergement - 21110 Genlis
Rendez-vous sur Doctolib

Céline Labure
« Oui, l’arrivée d’un enfant est un bouleversement souvent difficile
à vivre. »
À travers son expérience professionnelle et personnelle, Céline Labure a constaté a réalisé qu’un immense vide accompagne parfois l’arrivée d’un enfant. Infirmière puéricultrice indépendante, cette jeune maman a décidé de faire de l’accompagnement des familles son cheval de bataille.
En tant qu’infirmière puéricultrice, quel est votre rôle auprès des familles ?
Le fait d’avoir un diplôme d’Etat d’infirmière et un autre de puéricultrice me donne la possibilité de faire des soins techniques sur les enfants mais, personnellement, je me suis orientée vers des soins relationnels. Autrement dit, l’accompagnement des parents avant, pendant et après l’arrivée d’un bébé. En fait, j’ai voulu mettre la notion de famille au cœur de mon métier.
Qu’est-ce qui vous a motivé à créer cette activité ?
En tant que Directrice de crèche, je proposais déjà ce type d’accompagnement aux parents, et ça leur plaisait beaucoup ! Et puis, en tant que professionnelle de la petite enfance et en tant que maman, j’ai remarqué que, si la prise en charge est effective au moment où l’on tombe enceinte, elle s’arrête pour la plupart des familles, douze jours après l’accouchement, lorsque les soins cessent d’être pris en charge. On se retrouve donc seul à devoir gérer un enfant et la nouvelle vie qui va avec. Alors, que c’est justement à ce moment là qu’on a le plus besoin d’une écoute attentive et de conseils.
Quels sont les sujets abordés avec la famille ?
Les sujets les plus couramment traités sont les soins de bébé, l’allaitement, le sommeil et les pleurs. J’ai souhaité étendre mon champ d’action au portage de l’enfant, à la diversification alimentaire, la lecture du carnet de santé à la dépression postpartum qui touche la maman mais aussi parfois le papa et aux difficultés rencontrées lorsqu’on traverse cette période de bouleversement baptisée « matrescence ».
Pouvez-vous nous en dire plus sur ce phénomène de « matrescence » justement ?
La femme qui devient mère vit un bouleversement équivalent à ce qu’elle vit au moment de l’adolescence. La fatigue, les hormones en ébullition, la sensibilité et la susceptibilité, sont des états physiques et émotionnels difficiles qu’on retrouve au cours de ces deux périodes délicates. Il est important de mettre des mots sur les maux psychiques engendrés par cette étape de la vie.
Quels sont vos outils de médiation ?
Je propose des ateliers physiques ou en visioconférence, à domicile ou en groupe, pour apporter un contenu, des connaissances et une formation aux parents (ex : l’atelier « nos six premiers mois avec bébé ») ou une technique, un savoir-faire (ex : le portage de bébé). Cependant, j’interviens aussi au cas par cas dans les familles qui souhaitent un accompagnement global pendant les six premiers mois ou ponctuellement, pour apporter une solution à une problématique particulière autour du bien-être de l’enfant ou du couple.
Le bien-être du couple fait-il partie des problématiques récurrentes ?
40% des couples qui ont un enfant se séparent la première année. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Contrairement aux idées reçues, c’est très compliqué d’accueillir un enfant tout en conservant une vie de couple épanouie. J’interviens en amont pour prévenir des difficultés qu’une femme et un homme peuvent rencontrer les premiers mois, en tant que parents mais en tant que couple également. J’encourage la communication pour éviter que les non dits et les rancœurs s’installent.
L’arrivée d’un enfant est donc un bouleversement et vous le traitez comme tel.
Un proverbe africain dit « il faut tout un village pour élever un enfant ». Autrefois, les enfants grandissaient entourés des femmes de la famille. On se relayait. Aujourd’hui, il faudrait savoir tout faire parfaitement, seule, sans jamais avoir appris, en gérant la vie professionnelle et tous les à-côtés, sans se plaindre et en étant parfaitement épanouis d’avoir donné la vie. La réalité est toute autre et contrairement à ce que l’on croit, devenir parents, ça s’apprend.
Céline LABURE – Naissens d’Hestia
Infirmière
puéricultrice
naissensdhestia@gmail.com
Instagram : naissens.dhestia