Laura Bonu
« l’haptonomie c’est le début d’une histoire à 3 »
Dans sa mission de sage-femme, Laura Bonu offre une approche globale : avec elle, le toucher, la conscience du corps et la détente de l’esprit entrent en synergie pour plus de bien-être.
Pouvez-vous nous rappeler les différentes missions d’une sage-femme ?
On l’oublie souvent, mais depuis presque dix ans, la sage-femme peut faire le suivi gynécologique, de la puberté jusqu’à… 90 ans ! Ça implique le dépistage du cancer du sein et du col de l’utérus, la prescription d’écographies, de mammographies, le suivi pour des douleurs pelviennes, la prescription et la mise en place de contraceptifs et enfin les consultations liées à la préconception. Mais la mission la plus largement répandue reste la préparation à la naissance que seules les sages-femmes peuvent réaliser. Cette phase comporte un accompagnement psychologique et affectif ainsi que des ateliers préparatoires à l’accouchement et à la gestion du bébé, destinés à la future maman et à son partenaire. On peut également suivre des grossesses uniques et sans pathologies particulières. Certaines sages-femmes avec un diplôme spécifique, proposent aussi des échographies. D’autres complètent leur mission avec une ou plusieurs spécialités.
Quelles sont vos spécialités ?
L’haptonomie est au cœur de mon métier de sage-femme. Je propose aussi de la sophrologie et du yoga. L’objectif c’est d’apporter de la détente et une nouvelle conscience de son corps à la femme qui porte un enfant. La sophrologie aide aussi à dépasser ou tout au moins à apaiser un trauma lié à une expérience douloureuse chez certaines patientes, avant de réaliser par exemple un examen gynécologique.
En quoi consiste l’haptonomie ?
Le toucher est notre sens le plus archaïque. La future maman va apprendre à développer ses capacités pour faire de la place à son enfant et vivre sa tendresse avec lui. Cela passe par des gestes, des intentions ou des invitations. Le père va lui aussi apprendre à ressentir les déplacements de bébé dans le giron de la mère. Par l’apposition des mains, la parole, la pensée et sa présence, il va interagir avec son enfant, créer une relation avec lui et ainsi, trouver sa place avant même la naissance. L’haptonomie est une parenthèse ou rien d’autre n’existe que notre relation à l’autre, notre histoire à trois.
Quel rôle avez-vous après l’accouchement ?
Nous jouons un rôle dans le retour à la maison afin d’accompagner les premiers gestes, l’allaitement. Et bien sûr, on continue le suivi gynécologique et on organise la reprise contraceptive. On intervient aussi dans la rééducation périnéale mais il faut savoir que nous prenons en charge toutes les femmes qui souffrent de douleurs dans leur intimité (vaginisme, dyspareunie…), liées à un accouchement difficile, à un blocage émotionnel ou à une agression sexuelle… Dans ces cas là, l’approche en haptonomie et en sophrologie m’aide beaucoup dans la prise en charge globale de mes patientes.
Vous êtes en maison de santé. Qu’est-ce que ce statut apporte en plus ?
Je travaille au sein d’une équipe qui associe ses compétences pour créer une synergie et répondre plus largement aux besoins des femmes en général. Nous mettons en évidence des problématiques de santé publique. Je propose par exemple des conférences sur le phénomène du postpartum dont on parle trop peu encore. Il faut savoir que le suicide est la deuxième cause de mortalité des femmes après un accouchement car la dépression n’a pas été prise en charge à temps. Mon objectif est d’en finir avec ces injonctions au bonheur qu’on subit lorsqu’on devient mère et d’informer sur le fait qu’il existe une réelle prise en charge de la femme et de l’homme dans cette période de bouleversement émotionnelle et psychologique, sans devoir passer par les traitements médicamenteux.
Laura BONU – Sage-femme
Beaune Santé MSP
5 Rue du Régiment de Bourgogne, 21200 Beaune