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Pierre frycz

« Suivi des grossesses : on doit faire face à une fuite des jeunes diplômées à l’étranger. »

Pierre Frycz  exerce le métier de sage-femme à Genlis. Passionné, engagé, le thérapeute doit malgré tout faire face à une pénurie de  collaborateurs dans son secteur puisqu’il est le seul à assurer un suivi dans cette ville de plus de 5 200 habitants. Ce jeune père de famille revient pour nous sur les difficultés rencontrées.

En tant que sage-femme, quelle est la plus grosse difficulté que vous rencontrez à Genlis ?
Je dois surtout faire face à un problème de remplacement. En bref, je peux difficilement m’absenter car, si on peut déplacer des cours de préparation à l’accouchement ou de rééducation périnéale, on ne peut pas en revanche stopper le suivi des soins obligatoires et, si je ne suis pas là, la situation de suivi des femmes enceintes et de retour à domicile s’avère très compliquée. C’est encore plus vrai depuis la crise du Covid.
 

Pourquoi la crise sanitaire a-t-elle empiré la situation ?
Le séjour à la maternité a été réduit de moitié et le retour des mamans à domicile ne peut se faire qu’avec un suivi de la sage-femme et sa présence dès le lendemain de la sortie. Ce qui signifie que si la patiente rentre chez elle un samedi, je me dois de lui rendre visite le dimanche. Comme je suis seul, je dois assurer une présence les week-ends, sans système de roulement.

Votre emploi du temps très chargé vous empêche-t-il de mener à bien toutes vos missions ?
Non, pour le moment j’arrive à assurer le suivi gynécologique, la préparation à l’accouchement, le suivi du retour à domicile et la rééducation périnéale pour ne citer que ces quatre missions. Les visites à domicile se font les après-midis et les rendez-vous au cabinet ont lieu le matin et en début de soirée. En commençant à 8H et en terminant à 20H, j’arrive à tout caler. J’ai tout de même allégé la logistique grâce à la plateforme Doctolib.

Concrètement, comment cela se passe si vous avez une urgence personnelle, si vous tombez malade ou lorsque vous partez en vacances ?
Je prends très peu de vacances. Pour le reste, heureusement tout de même, j’ai la chance de travailler avec certaines collègues, qui prennent le relais lorsque c’est nécessaire.

D’où vient ce problème de pénurie ?
La principale source de ce problème c’est la fuite des jeunes diplômés à l’étranger ou dans les îles. Certains prennent une année sabbatique avant de démarrer leur activité, d’autres préfèrent exercer en milieu hospitalier car on n’est pas formé pour le libéral dans notre cursus. Nicole Bosson, Présidente du Conseil de l’Ordre nous a avertis dernièrement que sur les nouvelles diplômées de l’école, seulement deux resteront en Côte d’Or. Cela fait peu par rapport à la taille du département.

Et qu’est-ce qui vous a justement motivé à exercer votre profession en libéral ?
L’envie et la nécessité de créer du lien avec les patientes, ce qui se fait beaucoup plus difficilement à l’hôpital. J’ai fait un stage en libéral à Genlis et l’opportunité s’est présentée de reprendre le cabinet en 2012. Je l’ai saisie et je ne regrette pas. Cela fait 10 ans cette année.

Quelle serait la solution selon vous ?
Mettre en place un système d’astreinte ou de garde, propre aux sages-femmes, à la maison médicale de Dijon. Et il faudrait également constituer des réseaux.

Idéalement, vous souhaiteriez accueillir une collaboratrice ?
Oui mais quelqu’un qui partage les mêmes valeurs que moi par rapport à notre métier, quelqu’un en qui j’aurais entièrement confiance. Ce serait très difficile pour moi de déléguer à un praticien que je ne connais pas et qui viendrait en remplacement juste quelques semaines. Dans notre profession, on remet des femmes et leur bébé entre les mains d’un ou d’une autre sage-femme. Il ne s’agit pas de comptabilité. En ce qui me concerne, c’est une responsabilité énorme de confier mes patientes.

Pierre FRYCZ – Sage-femme
4T Rue de Labergement - 21110 Genlis
Rendez-vous sur Doctolib





 

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