Sophie Girod, Audrey Facy et Marjorie Lamotte
« Traiter l’infertilité ne ressemble pas forcément au parcours du combattant »
Notre trio gagnant de gynéco – Sophie Girod, Audrey Facy et Marjorie Lamotte – décrypte pour nous pour les problèmes de fertilité.
Quand on évoque l’infertilité, on parle de quoi au juste ?
On parle d’infertilité quand malgré des rapports réguliers et complets pendant un an, il n’y a toujours pas de grossesse. Pour rappel, les chances de tomber enceinte, sont de 25% en moyenne par cycle à 25 ans... À 35 ans, la probabilité de grossesse n’est plus que de 15 %. À 40 ans, cette probabilité chute à 10%. Il est donc important de bien mettre toutes les chances de son côté (en ayant 2 à 3 rapports par semaine) et de rappeler qu’entre autres, le tabac, le cannabis et le surpoids* (pour madame comme pour monsieur) peuvent être des causes d’infertilité.
Qui consulter en cas de problème ?
On peut en parler à son gynéco, surtout s’il est spécialisé dans la médecine de la reproduction. L’important c’est de ne pas perdre trop de temps... En matière de fertilité, le facteur temps ne joue jamais en notre faveur. Pour commencer on va donc faire un double bilan, car la fertilité est avant tout une histoire de couple ! Une fois que tous les examens prescrits sont faits, on retourne voir son gynéco pour la lecture des résultats. À partir de là, on va pouvoir envisager des solutions.
Il y a autant de solutions que de problèmes ?
Oui ! En cas d’absence d’ovulation par exemple, nous allons essayer de remédier au problème par des comprimés ou des injections. C’est ce qu’on appelle l’induction ovarienne. Dans d’autres cas on pourra proposer des inséminations ou des FIV.
En quoi consiste l’insémination artificielle ?
L’insémination artificielle consiste à placer dans l’utérus les spermatozoïdes. Ils peuvent provenir du conjoint ou d’une banque de sperme. Pour accroître les possibilités de grossesse, un laboratoire spécialisé va préparer le sperme et les ovaires seront soumis à une stimulation hormonale. L’insémination artificielle est une technique simple et efficace, avec un taux de réussite notable.
Et dans les cas où ça ne marche pas, on fait comment ?
Au bout de la 3ème ou 4ème tentative, si la grossesse n’est toujours pas au rendez-vous, on peut envisager, selon les cas, de passer à des techniques plus complexes comme la Fécondation in vitro (FIV).
Vous pouvez-nous en dire plus sur la fécondation in vitro ?
Elle consiste à féconder un ovocyte avec un spermatozoïde «in vitro», c’est-à-dire en dehors du corps de la femme, puis à implanter l’œuf fécondé dans l’utérus. Comme pour l’insémination, la FIV nécessite une stimulation ovarienne hormonale pour permettre la croissance et la maturation de plusieurs follicules ovariens. Ce traitement est surveillé par des échographies et des dosages sanguins hormonaux. Puis l’ovulation est déclenchée et la ponction folliculaire a lieu. Cette ponction est effectuée par voie vaginale, sous contrôle échographique, la plupart du temps sous anesthésie locale.
Où peut-on faire une FIV dans la région ?
Au CHU ou à la polyclinique de Franche-Comté, à Besançon.
Ces interventions et ses traitements sont-elles pris en charge par la sécu ?
Les bilans et les soins pour stérilité peuvent être pris en charge à 100 %. Les actes de procréation médicalement assistés sont pris en charge jusqu’au 43e anniversaire de la femme, sous accord préalable. La sécu rembourse une seule insémination artificielle par cycle, avec un maximum de six pour obtenir une grossesse et quatre tentatives de fécondation in vitro. Il est important aussi de se référer au code du travail pour aménager son emploi du temps en conformité avec la loi.
Quels conseils pouvez-vous donner aux couples qui se lancent dans ce genre de traitement ?
De ne pas attendre pour parler de leurs difficultés à concevoir et surtout de déculpabiliser ! Il n’y a pas de coupable dans cette histoire. Et puis, il faut continuer à essayer de manière naturelle et ne jamais désespérer : c’est quand même toujours mieux quand ça se passe sous la couette !
Sophie Girod, Audrey Facy et Marjorie Lamotte - Gynécologues