Aurélie Guyomard
« Aujourd’hui, on est capable de régler les problèmes de rapports sexuels douloureux, de fuites urinaires et de laxité du vagin. »
Spécialisée dans la chirurgie gynécologique, Aurélie Guyomard intervient, entre bien d’autres choses, dans la reconstruction après un accouchement difficile. Sa mission : lever les tabous pour apporter un mieux-être aux femmes que l’enfantement a mises en souffrance et les aider à retrouver une vie normale.
Quelles sont vos interventions en tant que gynécologue ?
J’ai décidé de ne plus faire de suivi de grossesse afin de me concentrer uniquement sur les cas problématiques et les pathologies gynécologiques. Pour aider mes patientes, j’interviens donc en grande partie au niveau chirurgical pour traiter les descentes d’organes, l’incontinence urinaire, l’endométriose, les kystes ovariens, les fibromes, les polypes, les conisations, les hystérectomies ou encore les ligatures tubaires. Je pratique également la chirurgie de la fertilité. Enfin, je propose de la reconstruction vulvo-vaginale suite à un accouchement difficile.
Quelles sont les problématiques posées par un accouchement difficile ?
Il y a cas de lâchage de sutures peu de temps après l’accouchement mais aussi des cicatrices d’épisiotomie ou des déchirures qui s’avèrent fibreuses, douloureuses et qui empêchent le retour à une sexualité normale et épanouie. Certaines patientes ne peuvent plus avoir de rapports tant la douleur est intense. On rencontre aussi des cas de fuites urinaires, une trop grande laxité du vagin et enfin des problèmes de descente d’organes qui se règlent souvent seuls au bout de quelques semaines et qui demandent rarement une intervention.
Quelles sont les solutions ?
S’il y a lâchage de suture, on retourne au bloc immédiatement pour refaire le travail. J’interviens aussi sur certaines formes d’incontinence quand la rééducation périnéale ne suffit pas. Dans le cas d’envies pressantes, je propose de la neurostimulation ou un traitement médicamenteux. Pour les fuites urinaires à l’effort (toux, éternuement, course), en fonction de la gravité, de l’âge de la patiente, d’un projet de nouvelle grossesse, j’utilise le laser vaginal. Je recommande également le laser pour traiter les cicatrices fibreuses et douloureuses ou lorsqu’il y a une laxité modérée du vagin. C’est une technique peu répandue en France mais très efficace dans ces cas précis car ce procédé va venir régénérer les cellules au niveau vaginal ou vulvaire. La muqueuse va devenir plus épaisse, plus dense, plus souple, plus hydratée et les cicatrices indolores. Parfois, le laser ne suffit pas. Si la laxité du vagin est trop importante, on procédera plutôt en chirurgie à la plicature des muscles pour les retendre et les tonifier. De même, si la suture d’une épisiotomie ou d’une déchirure, en cicatrisant mal, a créé un problème anatomique et que la vulve se retrouve asymétrique, il faut une intervention chirurgicale pour réparer. Et enfin, si une descente d’organes persiste un an après l’accouchement et qu’elle est gênante pour la patiente, on va aller remonter ceux-ci en les accrochant sur des ligaments, soit par voie naturelle, c'est-à-dire le vagin, soit par célioscopie.
Le laser est-il un acte onéreux ?
C’est un acte qui n’est pas pris en charge par la sécurité sociale ni par les mutuelles et qui, apparemment est souvent assez cher (les tarifs vont de 300 à plus de 600€, voir 900€). J’ai fait le choix de le rendre accessible au plus grand nombre et une séance à mon cabinet coûte une centaine d’euros. Je souhaitais un tarif équivalent au traitement antidouleur et hydratant à base de crèmes, d’ovules et d’acide hyaluronique.
Les actes réparateurs sont-ils plus fréquents aujourd’hui ?
Les techniques se multiplient pour aider les femmes qui souffrent après l’accouchement. Ce n’est pas facile de parler d’absence de rapports sexuels, de fuites urinaires, de bruits gênants à cause de la laxité du vagin… C’est notre rôle de questionner les femmes pour lever le voile sur tous ces tabous qui ne devraient pas en être. On a aujourd’hui le moyen de leur venir en aide et soigner, accompagner, apporter du mieux-être, c’est cela qui donne du sens à mon métier.
Aurélie GUYOMARD – Gynécologue
19B rue Albert Camus 21000 Dijon
Chirurgien-gynécologue à l’hôpital de Valmy